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Un dessin sur l’épaule

Dans les années 1980, les boutiques de tatoueurs n’avaient pas pignon sur rue et le tatouage vous situait dans une forme de marginalité…

Et puis le week-end dernier, à l’occasion d’une rencontre impromptue, une jeune fille de 19 ans racontait ce motif énigmatique qu’elle avait sur l’épaule droite. On y devinait bien un symbole celte ou irlandais tout en se demandant quel sens cela pouvait avoir. Et la réponse est venue !

« Pendant longtemps, j’ai voulu me faire tatouer mais je repoussais l’idée et je n’ai jamais trouvé les circonstances favorables pour le faire. Et puis un soir, j’étais dans une fête techno et en sortant, j’ai vu, sur le parking, un mec qui proposait des tatouages dans son véhicule aménagé. On a discuté, on a regardé des dessins. Quand je suis sortie du camion avec mon tatouage sur l’épaule, pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti que mon corps était complet. Je m’étais réapproprié mon corps. Enfin, je volais de mes propres ailes. Ce n’était plus le corps qu’avaient fabriqué mon père et ma mère, ce corps précieux qu’il ne faut pas toucher. Là, mon corps était comme séparé définitivement d’eux. »

Devant cette jeune fille qui parlait avec douceur et que l’on sentait apaisée, on a pris conscience que là où l’on ne voyait qu’un dessin plus ou moins réussi, il y avait sans doute quelque chose de beaucoup plus important que ça.

Comme un rite de passage extraordinaire. Le tatouage est souvent une marque, à la fois de prévention et d’apprivoisement d’un corps que l’on a du mal à comprendre, que l’on n’aime pas forcément. Que l’on a du mal à assumer. Pareil pour le piercing.

« Non mais, pourquoi tu crois que l’on se fait un piercing au niveau du nombril ou sur la langue ? Tu t’es déjà posé la question ? Ça ne te dit rien ? La maternité, le cordon ombilical, la tétée, rompre avec le lait maternel… Hé oui, il s’agit de “dématerniser” son corps, et prendre possession de sa propre parole. Je ne suis plus un écho du corps de ma mère ! »

Devant une telle évidence, on est resté sans voix. Fasciné qu’un simple dessin à l’encre bleue sur une épaule ait pu métamorphoser à ce point son existence.