Tous confits dans le PQ !
Pandémie de coronavirus. Pourquoi les gens se sont-ils rués sur le papier toilette ?
Ce mercredi matin, 10 heures, et l’on se dit que l’on va aller faire des courses au supermarché du quartier. De vraies courses pour la semaine où l’on remplit un grand caddie, plus un sac, pour éviter de ressortir au bout de trois jours, confinement oblige.
À l’extérieur, la queue est modeste, cinq personnes qui respectent bien les distances de sécurité, en raison de la pandémie de coronavirus. On entre un par un, au fur et à mesure qu’une personne sort.
À l’intérieur, tout le personnel porte un masque, les caissières sont protégées derrière un écran de Plexiglass. On traverse le magasin et là, surprise, les rayons sont pleins. Des pâtes, du riz, du lait, des conserves en masse. Quand on arrive dans l’allée des produits ménagers, changement d’ambiance… quatre linéaires entièrement vides. Plus un seul rouleau de papier toilette. « Ah oui, quand même, mais qu’est-ce qui pousse les gens à acheter massivement du PQ ? »
On pose la question au magasinier qui remplit les rayons. « C’est tout bête, mais les rouleaux de papier toilette sont volumineux. On ne peut pas mettre plus de 50 à 60 paquets par rayon, donc ça disparaît très vite, en faisant un gros trou dans les linéaires… Et les gens se disent qu’il y a une rupture de stock et donc achètent massivement. Vous voyez là, je remets des boîtes de conserves, du maïs, des haricots, c’est plus petit, et je n’aurai pas besoin de revenir réapprovisionner avant le milieu de la journée. Avec le papier toilette, il faudrait que je revienne toutes les demi-heures. »
Ok, mais quand même, pourquoi le PQ et pas les gros paquets de pâtes ? Le PQ, c’est logiquement l’hygiène pour effacer le sale. On voit bien qu’aujourd’hui, tout le monde cherche à se protéger et qu’il n’y a rien à se mettre sous la main. Pas de masque, peu de gel. Et l’on nous dit que le plus efficace, c’est de se laver les mains, régulièrement, mais ça ne suffit pas, c’est pas concret, c’est pas identifiable le laver de mains.
Il y a sans aucun doute un truc avec le sentiment de dégoût. Et ce qui est très accessible, pas cher et très volumineux, c’est le rouleau de PQ. C’est facilement identifiable et ça rassure. L’antidote du dégoût. « Le matin, j’ouvre le placard au dessus du lavabo et waouh, qu’est-ce que ça fait du bien de voir ces gros paquets de PQ. »
Le gros paquet de 12 rouleaux de papier toilette ultra résistant et double épaisseur est devenu l’icône de la panique collective. Et tout ça, pour le prix d’un petit flacon de gel hydroalcoolique.
Sauf que l’on ressort du supermarché, pas complètement convaincu, en se posant quand même la question : « OK, mais moi, je fais comment sans papier toilette ? »