L’info positive
Finalement, c’est tous les jours pareil, c’est tous les jours que l’on sent que quelque chose ne va pas. Gilles Deleuze en parlait simplement. « C’est pas très compliqué, l’information, tout le monde le sait : une information, c’est un ensemble de mots d’ordre. Quand on vous informe, on vous dit ce que vous êtes sensé devoir croire. En d’autres termes : informer, c’est faire circuler un mot d’ordre. »
Effectivement, quand on lit ou regarde les infos, on a peur, on a peur tout le temps. Matin, midi et soir. Peut-on savoir pourquoi, tous les jours, on est confronté à ce déferlement d’informations anxiogènes, désespérantes et déprimantes ? C’est pourtant pas une fatalité, le catastrophisme ! Si ? Pourquoi les mauvaises nouvelles sont forcément plus importantes que les bonnes ? Pourquoi les journalistes doivent-ils se contenter d’exposer les problèmes, les drames, les mauvais chiffres ? On pourrait imaginer que l’information, c’est aussi chercher et, éventuellement, présenter des perspectives positives ?
C’est pas ce qui manque autour du monde, les hommes et les femmes qui multiplient les initiatives, les projets, les inventions, dans le seul but d’améliorer la marche du monde. L’entrepreneuriat solidaire et, plus largement, l’innovation sociale ont le vent en poupe, non ? Mais les médias en parlent peu. On va nous dire, pour reprendre Albert Londres, mais Monsieur, les journalistes ont le devoir de nous alerter, « de porter la plume dans la plaie ». Les trains qui partent à l’heure, ce n’est pas ce qui règlent les inquiétudes… Pour la 3e année, le quotidien « Le Monde » a participé à l’Impact Journalism Day, en publiant un supplément consacré aux initiatives concrètes et positives. Cela fait du bien.
Pourtant, de l’info positive, au delà des suppléments événementiels, il y en a dans les journaux, sur les home pages des sites d’information. L’info positive, elle est même très présente, il y en a partout. On l’a sous les yeux sans la voir, c’est… la publicité. Le rêve, le bonheur, le luxe, l’évasion. Et de façon presque impalpable, plus l’info médiatique est anxiogène et plus la publicité nous paraît la réponse positive apportée. On va même simplifier le schéma… plus l’image du monde va mal et plus la publicité est apparente. Plus elle nous saute aux yeux. Il y en a même qui auraient constaté, mais ce sont sans doute des mauvaises langues, que plus le monde va mal, et cela va vous surprendre… plus nous consommons.