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Le noir nous va si bien !

Au départ, donc, il n’y avait pas de masque. Puis, les visages se sont recouverts, en catastrophe, de masques blancs, neutres et chinois. Par la suite, les masques fantaisie en tissu ont été à la mode, jusqu’à ce que la majorité des gens leur préfèrent des masques chirurgicaux bleu clair. On affiche sa protection.

« Et on le porte de quel côté, le bleu à l’extérieur ou à l’intérieur ? » Les masques chirurgicaux sont faits de trois couches : une interne (blanche) plus absorbante, une couche filtrante au milieu, et une externe (bleue). La couleur est un simple repère qui permet de mettre le bleu à l’extérieur.

Depuis septembre dernier, on a tous constaté que les masques prenaient de la couleur. Comme une revendication ou une façon de se distinguer, par exemple, le masque violet que l’on a vu fleurir dans les manifestations féministes. Mais la couleur qui devient, chaque jour, plus présente, c’est le noir. Il faut dire que tous les politiques et les peoples en portent. Ça démédicalise le port du masque, en mettant l’aspect clinique à distance.

Étonnant de revenir à ce qui était la norme jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est l’époque où la médecine devient scientifique et se met à incarner le progrès. Avant, les médecins étaient vêtus de noir, c’était aussi le côté religieux des soignantes. Et puis le noir, c’était la mort car quand tu faisais appel à un soignant, c’est que la mort rôdait.

Au tournant du XXe siècle, on est passé du noir au blanc. Pasteur, la découverte des bactéries et des bénéfices de l’hygiène poussent les soignants à adopter un costume qui met en avant leur nouvelle image scientifique : la blouse blanche en usage dans les laboratoires. Fini le noir, le médical sera blanc.

Aujourd’hui, le masque noir est quasi devenu un accessoire de mode anti-Covid19, un attribut stylé, au même titre que les lunettes ou la ceinture. Le noir qui fait ressortir le teint du visage, contrairement au bleu du masque chirurgical qui nous donne des mines dignes d’une sortie de bloc.

On choisit sa couleur de masque comme on choisit sa couleur de cravate. Les hipsters ne peuvent plus se démarquer par la barbe ou la moustache, c’est par le masque qu’ils vont marquer leur différence.

Chanel, Balenciaga, Vuitton, Adidas, Nike… Maisons de luxe et équipementiers sportifs proposent tous des masques griffés, tous noirs.

La couleur noire nous fait passer d’une contrainte médicale à un signe de distinction. Qu’on le veuille ou non et aussi incongru soit-il, le masque est devenu un marqueur social !