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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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La loi de la jungle

La loi de la jungle, vous connaissez ? Un pays en guerre ? Un concours de beauté ? Une compétition de natation ? Non, une piste cyclable dans le centre de Paris.  Je vais tenter de vous décrire l'ambiance.

Je roule tranquillement, sur une piste cyclable donc, en tenant bien ma droite. Tout à coup déboule comme un guerrier au plus fort de la bataille, plus rapide que l’éclair sur son fier destrier, un individu hurlant, sans doute pour intimider l’ennemi.

L’ennemi étant le piéton qui est engagé sur le passage du même nom, mais qui ne s’est pas rangé à temps. « On dégage, on dégage », hurle le guerrier ! Sitôt dit, sitôt fait, le malheureux piéton s’incline devant cette force sauvage et… dégage.

Cet incident me fait légèrement dévier de ma ligne droite et me décaler sur ma gauche. Au moment où je rentre dans le rang, une trottinette électrique lancée elle aussi à vive allure me double sur ma droite, tandis qu’une autre, montée par deux jeunes hilares, arrive dans mon couloir et fonce sur moi. Prise entre ces deux bolides, j’échappe de peu à la catastrophe.

Quelque peu sonnée, je reprends mes esprits, habituée que je suis à l’agressivité et au manque d’égards pour les autres que semble générer notre belle capitale. À peine remise, j’entends une sirène de police.

La voiture se rapproche de plus en plus, si j’en crois la densité sonore de la sirène. Je continue mon petit bonhomme de chemin. La sirène est maintenant tout près de moi, le son semble stagner. Je me retourne, la voiture de police est en fait derrière moi, sur la piste cyclable. Elle me frôle puis continue son parcours tonitruant.

La sidération me cloue sur place. Je lis dans le regard des cyclistes qui ont assisté à la scène, la même sidération. Manifestement personne ne savait que les véhicules de police étaient autorisés à emprunter les pistes cyclables à double sens.

En tout cas, ma désillusion est grande, moi qui croyais en l’éthique du cycliste, un être civilisé, à l’écoute des autres, toujours prêt à s’arrêter pour laisser passer son prochain, porteur d’une infinie mansuétude et que je voyais aussi comme le sauveur de l’humanité polluante.

Je dois pourtant regarder la réalité en face même si cela me fait mal : à cheval, en voiture, en trottinette ou à vélo, l’être humain reste l’être humain. Ce n’est pas sa monture qui le définit.