La douceur de la plage…
Le week-end, on arrive à la plage. Cela fait maintenant des années que l’on a plaisir à poser notre serviette sur le sable de Trouville. Pas très loin de la maison où Marguerite Duras venait écrire.
On enlève pantalon et chemise et en trente secondes, on est dans l’eau. On a laissé argent, clef, portable sous la serviette ou au fond des chaussures. L’eau est fraîche pour la Normandie. Et là, on se retourne vers l’étendue de sable et l’on se dit que la plage a une vertu incroyable. Dans un parc ou un jardin public, ça ne viendrait à l’idée de personne de laisser ses affaires sans avoir les yeux dessus.
Un exemple. Tu pique-niques au parc de la Villette, et tu te te dis qu’une petite bière te ferait le plus grand bien. Et là, à 100 mètres, il y a un kiosque qui en vend. Bien évidemment que tu vas tout emporter. Tu ne vas pas laisser ton portable ou tes clefs.
Sur la plage, tu pars vingt minutes, décontracté, sans inquiétude aucune. La plage, c’est comme passer une frontière, la frontière de la non agression, la frontière de la coolitude. C’est comme si tous les dangers, les agressions de la ville, tu les laissais à la limite de la plage, là où tu remets tes chaussures.
Peut-être aussi le sentiment que l’on est tous pareils, et qu’il n’y a rien à craindre des voisins de plage qui sont bienveillants. On est entre soi, on n’écoute pas les conversations, mais on regarde ce que lisent les gens, les accessoires de plage, les détails… et donc on se dit : “Mes affaires ne craignent rien !” Et puis, il y a suffisamment de monde pour considérer qu’il y a toujours quelqu’un pour jeter un œil. Pas même besoin de le demander.
Cela fait plus de vingt ans que l’on vient… Les seuls vols constatés, c’est, par exemple, un gamin de 8 ans qui prend le ballon d’un autre et qui l’embarque sans même s’en apercevoir.
La solution apaisante, c’est d’arriver sur la plage avec rien, ou juste quelques euros pour s’acheter une glace. Sans papiers, sans montre, sans portable, sans carte de crédit… Rien, oui, ça existe encore. Un maillot, une serviette…
Car ce qui est troublant sur la plage, c’est la douceur d’être dans un monde apparemment sans argent, où il n’y a quasi rien à acheter. Un miracle qui tiendrait du simulacre balnéaire, qui ne serait pas économique… C’est tellement loin de la start-up nation ! À part peut-être, là, un vendeur de chouchous ou de beignets au Nutella qui arrive avec sa clochette.