Jeff Koons, un grand artiste !
Il est parfaitement habillé. Costume sombre Armani cintré, chemise blanche, rosette de la Légion d’Honneur. Et puis toujours ce sourire généreux offert à la demande. Voici donc à quoi ressemble Jeff Koons, l’artiste vivant le plus cher au monde.
Ce vendredi, à la veille de la Nuit blanche, l’Américain de 64 ans inaugure son « cadeau à la France » dans les jardins des Champs-Elysées derrière le Petit Palais : la monumentale sculpture Bouquet of Tulips. L’œuvre d’art de près de 13 m de haut pèse 34 tonnes de bronze, d’acier et d’aluminium. Elle repose sur un socle de 27 tonnes de calcaire d’Île-de-France.
Quoi ? On nous dit que Jeff Koons a été trader ? Oui, pourquoi pas… Jean Dubuffet était bien négociant en vin avant de devenir peintre. Effectivement, ce qui est troublant avec ce plasticien, c’est qu’aujourd’hui encore, il est toujours habillé en trader. Le fait de devenir artiste n’a rien changé à son look de golden boy de Wall Street.
D’ailleurs quand on parle de son travail, on ne parle que d’argent, combien ça coûte ! Et pour Bouquet of Tulips, qui va payer le coût de fabrication de 3,5 millions d’euros ? Car ce qui est « cadeau », c’est seulement le dessin de l’œuvre.
« — Ecoutez, ça suffit les reproches, on a la chance d’avoir l’un des plus grands artistes au monde qui offre une magnifique sculpture en hommage aux victimes des attentats de 2015 et 2016 en France, et ça se crispe, ça dénigre. Vous savez, c’est très compliqué à réaliser ces faux ballons en métal, ça coûte très cher à fabriquer. Alors vous pensez bien qu’à ce prix-là, l’œuvre est d’importance. »
« — Que l’on ne voit pas le pourquoi des tulipes en ballon et le côté enfantin ? Mais monsieur, ce sont des fleurs ! »
« — Que le plus logique aurait peut-être été d’installer cette œuvre en face de la salle du Bataclan ? Ecoutez, monsieur Koons souhaitait quelque chose de plus central, de plus prestigieux… c’est un grand artiste ! »
Trois ans après le début de la polémique – l’artiste avait d’abord souhaité que son œuvre soit installée entre le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Palais de Tokyo –, on regarde les photos du projet.
Un bouquet de onze tulipes en forme de ballons tenues par une main de femme. La douzième, manquante, évoque la perte de l’être cher, le souvenir… Alors on hésite, on se dit que ce n’est pas possible, qu’il ne peut pas y avoir que ça ! Ça ne peut pas être qu’un bonheur enfantin coloré ! Pas ça comme hommage aux jeunes du Bataclan. C’est quoi le truc caché ? On n’aura pas de réponse.
Jeff Koons apporte une précision d’importance : « Dans le pigment des tulipes, j’ai mis de la poudre de perle blanche qui adoucit la surface et crée des ransparences en mouvement permanent. » On est vraiment rassuré, Jeff Koons a un coeur…
À vrai dire, Jeff Koons n’a pas changé de métier, il travaille toujours dans la finance internationale et permet à de nombreux milliardaires de défiscaliser à tour de bras. Une défiscalisation à hauteur de 66 % en France, ce qui a effectivement permis la production de Bouquet of Tulips.
Mais c’est d’autant moins d’impôts qui ne sont pas rentrés dans les caisses de l’Etat… Donc, indirectement, ce sont en partie les Français qui ont financé l’œuvre généreusement « offerte ».
Une bonne partie de l’art contemporain a basculé dans autre chose. Yvon Lambert, le grand galeriste d'art contemporain, avait déclaré, lors de la fermeture de sa galerie parisienne. « J’arrête mon activité parce que mon métier a changé, il n’y a que le fric qui compte. »
Le marché de l’art contemporain a augmenté de 1 078 % en dix ans. L’art est devenu un support financier. Jeff Koons est un grand artiste.