Et le Roi fut
“O Rei”, le Roi Pelé est mort, quelques jours après Noël.
C’est une légende planétaire qui vient de disparaître. Et plus de cinquante après le triomphe de la 3e Coupe du monde pour le Brésil, au stade Maracaña de Rio de Janeiro, Pelé reste le joueur de football le plus emblématique de tous les temps. Le monarque absolu du ballon rond qui a propulsé ce sport à l’échelle mondiale.
Comment expliquer cette notoriété incomparable ? Peut-être, parce que la carrière de Pelé a tout d’une marque internationale. Alors bien sûr qu’au départ, il y a le football.
Pelé a une technique incroyable, ce jeu offensif, personnel qui sera sa marque de fabrique, mais tous les joueurs à ce niveau ont une technique incroyable. Donc il faut plus, beaucoup plus.
Et puis le nom, ou plutôt le surnom. Pelé s’appelait Edson Arantes do Nascimento. Un surnom donné dès l’enfance et qui va le suivre. Là aussi, un nom qui sonne comme une marque, simple, quatre lettres universelles comme Nike. Aucun autre joueur n’est affublé d’un surnom qui supplante le nom. C’est en 1958, alors qu’il n’a que 17 ans que « Paris Match » le décrète roi… le Roi Pelé. L’élu !
Un numéro de maillot, le 10, qui deviendra avec lui, un numéro légendaire, celui que tous les grands footballeurs veulent porter. Maradona, Platini, Zidane ou Messi : tous ont porté le fameux numéro 10 durant leur carrière.
Une couleur, celle de la tenue de l’équipe du Brésil, jaune avec short bleu. Pelé, un « trésor national non exportable » restera fidèle au Brésil, et ce malgré les offres dithyrambiques des clubs européens. Il n’y a qu’à la fin de sa carrière, dans les années 1970 qu’il rejoindra les Cosmos. Le roi sera alors new-yorkais et ambassadeur dans un pays qui ne connaît pas le football.
Pelé sera le premier footballeur noir à atteindre un tel niveau de notoriété. Pour les Européens, c’est un mélange de modernité, de bossa-nova et d’exotisme. En Afrique, c’est un frère, l’équivalent de Mohamed Ali qui se bat pour la cause noire.
Le sacre au stade Maracanã, en 1970, c’est une image télévisée, la première Coupe du monde diffusée en mondovision. Des millions de téléspectateurs vont découvrir un Brésilien au sommet de sa gloire, Pelé.
Enfin, il y a la personnalité de Pelé qui n’est pas clivante, contrairement à Maradona ! Il ne prend pas position politiquement, tout le monde peut s’identifier à la star du ballon rond.
À la veille de la Coupe du monde de 2014, Pelé commentait (à la troisième personne) son parcours extraordinaire : « Dans toutes les comparaisons qu’on fait entre Pelé et les autres joueurs – Maradona, Messi, Zidane, Cruyff –, il y a toujours un détail, un petit quelque chose, un élément quelconque qui vient faire la différence. »
Toutes les cases sont cochées pour que la “marque Pelé” entre dans l’histoire. Sa mort ne peut que renforcer le mythe, car les légendes ne meurent jamais.