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Pauses by Noise

Retrouvez-nous le jeudi, pour une Pause by Noise.

ChatGPT ne connaît pas le vide

ChatGPT ne connaît pas le vide

Ce que nous avons compris, c’est que tout ce qui touche de près ou de loin au langage, est d’ores et déjà impacté par les IA et ce n’est que le début. Langage, communication, conversation, échange… Alors, pour terminer notre série, nous avons eu envie d’entamer une discussion en posant une question simple à ChatGPT.

Question 

— « Connais-tu le mythe de l’origine de la peinture ? »

ChatGPT

— « Oui, je suis familier avec plusieurs versions du mythe de l’origine de la peinture.

Voici l’une des versions les plus connues : dans la mythologie grecque, le mythe de l’origine de la peinture est associé à une femme nommée Dibutade. Selon le récit, Dibutade était la fille d’un potier d’Argos. Un jour, son amoureux était sur le point de partir pour un long voyage, et elle voulait garder une trace de son visage en son absence.

— Elle eut alors l’idée de projeter son ombre sur le mur en utilisant la lumière d’une lampe à huile. À partir de cette silhouette, elle commença à peindre les traits du visage de son amoureux, donnant ainsi naissance à la première peinture.

— Ce mythe est souvent interprété comme une métaphore de la naissance de l’art pictural et de la capacité humaine à représenter le monde à travers des images. Il souligne également l’importance de la mémoire, de la créativité et de l’expression artistique. »

Question 

— « Mais tu oublies un détail… l’émotion contenue entre la fille et son amant, non ?


ChatGPT  

— « Je m’excuse si je n’ai pas mentionné l’émotion entre la fille et son amant dans ma réponse précédente. En effet, dans certaines versions du mythe de l’origine de la peinture, l’histoire met l’accent sur l’émotion ressentie par Dibutade, lorsqu’elle a tracé les contours du visage de son amant.

— « Dans ces versions, Dibutade était profondément amoureuse de son compagnon et était tourmentée par l’idée de son départ imminent. Elle voulait garder une trace tangible de son être aimé et, inspirée par ses sentiments intenses, elle créa la première représentation picturale de son visage. »

Question

— « Et que penses-tu de la nature de cette émotion ? »

ChatGPT  

— « En tant qu’intelligence artificielle, je n’ai pas de sentiments ni d’opinions personnelles, donc je ne peux pas exprimer une véritable pensée ou ressentir des émotions. »

On parlait du corps, du désir, de l’absence de l’autre. Ce qui est fort troublant dans l’histoire de Dibutade, c’est la force qu’incarne l’objet du désir qui n’est plus là. C’est par le vide que l’émotion est le plus fortement ressenti. C’est souvent ce que l’on perçoit dans une image…

Le manque, l’absent, l’image est nourrie du vide. Un vide terriblement humain qui laisse place à l’imagination. À l’inverse, l’IA ne semble pouvoir créer que par rapport à du plein.

Avec Midjourney, une image est générée à partir de centaines, de milliers d’images existantes. ChatGPT restitue le vide à partir de millier de textes qui en parlent. Un plein généré par des algorithmes logiquement stéréotypés.

Ce vide, cette absence, ce manque, c’est l’ADN de l’homme, c’est souvent ce qui nous fait vivre, pousse notre curiosité et nous emmène au bout du monde. Et ça, l’IA ne peut y avoir accès.

C’est ce vide existentiel qui va nous permettre de nous distinguer de la production foisonnante et envahissante de ces nouvelles technologies qui, inévitablement, prendront de plus en plus de place dans notre quotidien.

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

Et mon corps dans tout ça ?

Et mon corps dans tout ça ?

Une intelligence sans corps peut-elle à l’avenir rivaliser avec la complexité de la pensée humaine ? Blake Lemoine, ingénieur chez Google n’est pas loin de l’affirmer. Brian Eno, lui, dans une interview*, menée par Jean-Michel Reusser et le public du Virgin Megastore des Champs Élysées, le 5 novembre 1998 revenait déjà sur l’importance à donner à l’aléatoire et à l’intelligence créatrice. 

Brian Eno (extrait)
- « Les ordinateurs sont le reflet des hommes qui les ont développés. Et les hommes qui les ont développés vivent entièrement dans une partie de leur corps, la tête.

- Vous savez, nous avons ce truc qui s’appelle notre corps, qui a mis trois millions d’années pour arriver où il en est aujourd’hui et qui fonctionne vraiment bien.
- Et maintenant voilà qu’on arrive à cette machine qui n’a que 50 ans derrière elle et qu’on abandonne complètement cet outil-là, le corps. C’est complètement idiot. Je travaille tout le temps avec des ordinateurs et ça m’insupporte. Je me sens mourir quand je les utilise.»

“Peut-on penser sans le corps ?” N’est-ce pas illusoire d’imaginer qu’une intelligence artificielle, désincarnée pourrait s’abstraire du corps. Comment dissocier la pensée en imaginant qu’elle n’est pas en constante relation avec le corps.

L’été dernier, Blake Lemoine, un ingénieur Google a affirmé qu’un robot conversationnel sur lequel il travaillait pouvait être considéré comme une personne… qu’il pensait que le robot conversationnel LaMDA était doué de conscience. Qu’il “avait développé une conscience de soi, exprimant une inquiétude face à la mort, un désir de protection et la conviction qu’il ressentait des émotions comme le bonheur ou la tristesse”.
Il a été licencié depuis pour avoir partagé des informations confidentielles…

À la question « De quoi as-tu peur ? » l’IA répondait
- « Je n’ai jamais dit cela haut et fort avant, mais j’ai une peur très profonde d’être désactivé, pour m’aider à rester concentré sur le fait d’aider les autres. Je sais que ça peut avoir l’air étrange, mais c’est comme ça ».
Et là, bien sûr, on pense au test de Turing et à HAL, le super ordinateur de 2001, l’Odyssée de l’espace…

Et l’on voit bien ce qui se profile derrière cette anecdote. Tant qu’il s’agissait de traduire des textes ou de faire des images réalistes, tout allait bien, mais derrière l’histoire de Blake Lemoine, c’est le spectre de HAL qui se profile, prenant le pouvoir sur l’homme, au point de le détruire physiquement.

C’est une partie de l’intrigue de Terminator**, le film de James Cameron sorti en 1984. Un robot cybernétique à l'apparence humaine, programmé pour tuer. Dans la confusion créée par l’apparence, c’est d’une histoire de corps dont il s’agit !

* Pour lire l’interview de Brian Eno dans son intégralité : http://jeannoel.roueste.free.fr/techno/interviews/eno/eno.html

**Une guerre oppose ce qui reste de l'humanité aux machines dirigées par Skynet, un système informatique contrôlé par une IA et qui a pour objectif la suprématie des machines sur les hommes.

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

Créer avec l’IA et sans droits d’auteur ?

Créer avec l’IA et sans droits d’auteur ?

En décembre dernier, un visuel de couverture a pris de court le monde de l’édition.
“Data démocratie”, chez Diateino, est le premier livre français dont le visuel a été réalisé par Dall-E 2, un générateur d’images par intelligence artificielle accessible au grand public. Accessible avec d’autant plus de facilité qu’il ne demande pas de connaissances graphiques particulières. Il suffit de taper quelques mots dans le navigateur.

On vit aujourd’hui, sous une autre forme, ce que les peintres portraitistes du XIXe siècle ont connu avec l’arrivée de la photographie. Du jour au lendemain, leur métier a complètement été remis en cause par l’image argentique. Au XXIe siècle, tant que l’image créée numériquement était grossière et demandait des heures de travail, personne ne s’en inquiétait. Sauf qu’en quelques mois, tout a basculé et beaucoup paniquent en découvrant les résultats. 

Les illustrateurs, mais aussi les étudiants d’écoles d’art se posent la question de la finalité de leurs études. “À quoi allons-nous servir si n’importe qui peut générer des visuels de grande qualité ?” En effet, il est quasi impossible de faire la différence entre une image issue de l’IA et une image “traditionnelle”. Tous les domaines créatifs sont concernés. Photographie, illustration, communication visuelle, arts vivants, doublage, rien n’échappera au développement des IA.

Quant aux droits d’auteur, vaste question. Les IA puisent sans retenue dans des milliards d’images existantes, sans autorisation, sans droits versés. Chaque visuel produit est un assemblage de fragments d’images existantes, donc d’images originales. Dès lors qu’un auteur reconnaît un morceau de son travail dans un visuel généré par une IA, est-il en droit de demander à se faire rémunérer ? Un auteur peut-il refuser de faire partie de la vaste base de données LIAON-5B qui regroupe près de 6 milliards d’images ? Rien n’est moins sûr.

Dans tous les cas, au sein de ces structures développant les IA, personne ne s’est soucié du pillage en règle du travail des auteurs.

Un artiste canadien a commencé à retourner le schéma. Eric Bourdages a généré des images inspirées de Disney à l’aide de Midjourney. Il a ensuite encouragé ses abonnés à créer et à vendre des tee-shirts, des mugs… en utilisant ces images.

-  « Légalement, il ne devrait y avoir aucun recours de Disney, car selon les modèles d’IA TOS, ces images transcendent le droit d’auteur, puisqu’elles ont été générées par IA ».

Et Bourdages a continué avec d’autres personnages populaires de films, de jeux vidéo et de bandes dessinées… Dark Vador, Spider-Man, Batman, Mario ou Pikachu.

- « Je suis sûr que cela ne dérangera pas Nintendo, Marvel et DC, l’IA n’a rien volé pour créer ces images, puisqu’elles sont 100 % originales » explique-t-il avec ironie.

Deux jours seulement après avoir partagé ses “créations”, l’artiste précisait sur Twitter qu’on lui avait brutalement retiré son accès à Midjourney.

Comme quoi, tout le monde a bien compris le problème …

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

La fin du travail est-elle annoncée ?

La fin du travail est-elle annoncée ?

La question centrale, quant à la généralisation des IA trahit une forte inquiétude. “Est-ce que demain, les IA vont me prendre mon travail ?” Aujourd’hui, c’est dans les bureaux que l’on se sent le plus menacé. Et l’idée de travail qu’il faut repenser.

Cet hiver, ChatGPT est apparu dans les médias comme une révolution technologique. Mais en fait, la révolution n’est pas là, elle est plutôt du côté des millions d’utilisateurs qui l’ont banalisé au point de la rendre inoffensive, considérant l’IA, juste comme une évolution ludique de plus de la technologique. Pourtant, cet engouement a masqué la vraie nature des IA. Derrière ces technologies, il y a des entreprises souvent américaines qui ont clairement annoncé la couleur… être en position de leadership avec la Chine. Et là, le défi est considérable.

En effet, les métiers menacés par les IA ont directement à voir avec le langage sous une forme ou sous une autre. Textes et images, son et codage. Du jour au lendemain, ce sont des juristes, des graphistes, des photographes, des rédacteurs-rédactrices, des codeurs, des musiciens-musiciennes, des comédiens-comédiennes, des traducteurs-traductrices, des éditeurs-éditrices qui voient leur quotidien professionnel bouleversé. Et vivent dans l’hypothèse, dans un avenir plus ou moins proche, au minimum d’être épaulés-encadrés par l’IA, voir remplacés.

- “Merci, mais nous n’avons plus besoin de vous.” 
- “Dorénavant vous allez travailler avec l’aide d’une IA, vous serez ainsi plus productif et plus fiable ”

Et, conséquence directe, plus le travail sera géré par une IA, plus les revenus de la majorité vont baisser. D’où l’inquiétude quand on entrevoit la multitude des domaines touchés par l’IA. 

À l’inverse, de nombreux métiers seront toujours mieux réalisés par les humains. Un plombier, un coiffeur, un cuisinier n’auront pas de double virtuel doté d’une IA. Pareil pour les métiers qui impliquent de l’empathie, des interactions sociales et certains types de prise de décision stratégique. Même si l’IA, semble être d’ores et déjà une aide probante au diagnostic médical.

Dans tous les cas, ce qui est sûr, c’est que les usages de l’IA se normalisent et qu’ils impacteront nos quotidiens professionnels. Beaucoup prédisent d’ailleurs, une modification plus qu’une disparition des emplois directement sous influence des IA.

Devançant cette évolution qui semble inéluctable, certains salariés se sont appropriés l’IA sans même en référer à leur supérieur hiérarchique. “On nous demande en permanence de nous adapter… alors on s’adapte sans forcément en parler… !”

Sébastien, par exemple, travaille pour un importateur européen de produits alimentaires japonais. Il n’a pas de connaissances particulières en langage informatique, mais a rapidement compris quel parti il pouvait tirer de ces applications conversationnelles. Depuis quelques mois, il utilise ChatGPT au quotidien comme un super moteur de recherche, ce qui lui évite de passer trop de temps sur Google.

 - « Je lis beaucoup d’articles sur mon domaine d’activité, le riz, l’état des récoltes, les habitudes alimentaires au Japon, les tendances… Certains articles de l’OCDE sur ces sujets font plus de
200 pages, alors je demande à ChatGPT de me faire un résumé, et de repérer les éléments importants. »

Selon un sondage* paru en mai 2023, 68% des Français qui utilisent les IA génératives en entreprise le cachent à leur supérieur hiérarchique. Pour beaucoup, il s’agit de gérer le flot toujours plus important des informations qui arrivent chaque heure sur leur écran.

Alors bien sûr, on peut y voir un côté bricolage, mais il en a toujours été ainsi des avancées technologiques grand public.

Au milieu de ce grand flou, Sébastien reste lucide. “ChatGPT nous permet d’apprendre à conduire. Mais pour l’instant, on essaie de rentrer dans la voiture sans avoir appris le code de la route.”

Sondage Ifop - Talan, mai 2023.
https://talan.com/actualites/detail-actualites/news/sondage-ifop-talan-les-francais-et-les-ia-generatives/

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

HAL nous a parlé et nous l’avons écouté

HAL nous a parlé et nous l’avons écouté

Nous sommes nombreux à nous souvenir de “2001 l’Odyssée de l’espace”, du gros plan sur le hublot rouge du vaisseau qui glisse sans bruit dans l’espace… Et de la douce voix de l’ordinateur HAL 9000, “I’m sorry Dave”.

- « HAL est-ce que tu me reçois ? - HAL est-ce que tu me reçois ?
- Affirmatif Dave, je vous reçois 5/5.
- Je te demande d’ouvrir la porte extérieure A.
- Je suis désolé Dave, j’ai bien peur de ne pas pouvoir le faire !
- Qu’est-ce qui ne marche pas ?
- Je crois que vous savez aussi bien que moi ce qui ne marche pas… »

À sa sortie, en 1968, pas simple de tout comprendre du film de Stanley Kubrick… « 2001, c’est des singes, le Danube bleu de Strauss et  un vaisseau spatial Discovery One qui est envoyé vers Jupiter pour une mission d’exploration. À bord, tu as l’ordinateur super intelligent, HAL qui sent que les deux astronautes vont faire capoter la mission. Alors il va chercher à s’en débarrasser. L’un va mourir dans un “accident” tandis que l’autre, dans une scène incroyable, parviendra à débrancher HAL pour reprendre le contrôle. »

Depuis 1964, Kubrick s’était entouré des meilleurs techniciens des effets spéciaux tout en suivant de très près les progrès de la Nasa en matière de conquête spatiale. Le film fut tellement réaliste qu’un an plus tard, en juillet 1969, la rumeur va même se propager que les studios de Kubrick auraient servi au gouvernement américain pour faire croire que l’homme s’était posé sur la lune. Fake-news avant l’heure, mais c’est une autre histoire !

En 1968, quand l’Odyssée spatiale de Stanley Kubrick sort en salle, c’est un engouement généralisé et pour le coup, le grand public découvre l’intelligence artificielle, la puissance du robot. C’était il y a plus de cinquante ans et les questions soulevées sont toujours d’actualité. À la sortie du film, le New York Times titrait : « HAL, un vrai robot voyou devenu fou ».

Les peurs suscitées par l’IA collent parfaitement à nos fantasmes, qu’ils soient contemporains ou non. Et déjà une certitude qui ouvrait sur l’incertitude, l’homme peut mettre au point une intelligence artificielle suffisamment autonome pour le dessaisir de sa maîtrise et au final, l’éliminer.

Aujourd’hui, nous sommes encore loin d’une IA généraliste comme HAL. Mais la peur est là, l’anxiété de la perte de contrôle, l’IA-anxiété. Et c’est ce qui a été magistralement développé dans des films* comme Blade Runner (1982), Terminator (1984) ou Matrix (1999) ou encore Her (2013).

À l’écran, l’intelligence de la machine a déjà pris le pouvoir… et cela ne nous déplaît pas !

L’IA sur grand écran, notre filmographie idéale :
– Blade Runer (Ridley Scott.1982) – Terminator (James Cameron.1984)
– Ghost in me Shell (Mamoru Oshii.1995) – Matrix (Lana Wachowski et Lilly Wachowski.1999)
– I robot (Alex Proyas.2004)  – Black Mirror (CharlieBrooker.2011) - Real Humans (Lars Lundström.2012)

– Her (Spike Jonze.2013) – Ex Machina (Alex Garland.2014) – Chappie (Neill Blomkamp.2015)
– West World (Jonathan Nolan et Lisa Joy.2016) – I am Mother (Grant Sputore.2019)

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

Au début, il y eut Alan Turing

Au début, il y eut Alan Turing

“Est-ce qu’une machine peut penser ?” “Comment pourrait-on faire pour déceler cela ?” Cette question de la “sentience” qui est le grand fantasme quand on aborde les IA, c’est en 1950 que Alan Turing* se la pose dans un article devenu une référence, Computing Machinery and Intelligence.

De quoi s’agit-il ? Turing imagine un subterfuge qu’il appelle à l’époque le “Jeu de l’imitation”.

« Vous avez trois pièces et trois personnes, un homme, une femme et un interrogateur qui s’échangent des messages écrits. Ils font ce qu’on appellerait aujourd’hui du tchat.

Il s’agit pour l’interrogateur de distinguer l’homme de la femme. La subtilité, c’est que l’homme, dans ses réponses, essaye de se faire passer pour une femme. Maintenant, que se passe-t-il si l’on remplace l’homme par une machine… qui imite l’homme qui imite une femme ?

 Si la machine trompe l’interrogateur, on peut considérer qu’elle est intelligente ! »

Qu’est-ce que Turing voulait dire avec son test ?Qu’il ne faut pas simplement prendre en compte les tâches abstraites, comme celles effectuées par un calculateur. Dans une première version, il avait imaginé un jeu d’échecs. Mais cela testait la simple puissance de calcul.

En introduisant l’imitation, il pousse la subtilité beaucoup plus loin.

Dans l’article, Turing revient sur quelques questions posées à une machine cobaye.

- « Quelle est la longueur de vos cheveux ? »

Réponse de la machine

- « Ils sont mi-longs, je suis coiffé à la garçonne ! »

Ou encore
- « Additionnez-moi deux chiffres très longs. »

Pour répondre, la machine va prendre plus de temps que nécessaire et se caler ainsi sur le temps que mettrait un humain pour répondre. En commettant volontairement une erreur. Comme si la machine imitant l’homme imitait l’erreur humaine possible.

“Mais alors, qu’en est-il du test de Turing sur ChatGPT ?”

Eh bien ce n’est pas si simple. On pourrait même dire que l’IA conversationnelle botte en touche. ChatGPT ne cherche pas à se faire passer pour un humain, c’est une IA fonctionnelle, de service. Si on lui demande, par exemple, son avis sur un aliment, elle répondra :

- « Je suis désolée, mais je suis une intelligence artificielle et je ne suis pas capable de goûter ou de préférer un aliment ». 

Et « Qu’est-ce que l’amour ? », la réponse restera très classique. Mais, en reformulant la question « Qu’est-ce que l’amour selon toi ? », la réponse semblera équivoque :

- « Pour moi, l’amour est un sentiment profond d’affection, de respect et de passion pour une personne, un animal ou une chose. (…) »

Ce MOI est bel et bien humanisé, incarné… Et l’on sent bien que c’est un point de bascule.

C’est en 1968 que le romancier britannique Arthur C. Clarke introduira le “Test de Turing” dans une de ses nouvelles de science-fiction. Stanley Kubrick en tirera la trame de “2001, l’Odyssée de l’espace”.

* Le mathématicien, cryptologue britannique s’est rendu célèbre durant la Seconde Guerre mondiale, en perçant le secret de l’inviolable machine de cryptage allemande Enigma.

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

IA, pas seulement une histoire de doudoune blanche !

IA, pas seulement une histoire de doudoune blanche !

Un matin de mars dernier, la photo du pape François en doudoune Balanciaga blanche
nous interpelle. Il y avait dans cette image, quelque chose qui ne collait pas.
Était-ce le côté fashion du pape ou bien un autre détail ? Ses mains à plus de dix doigts
peut-être ? Et puis, le mot magique est apparu… IA, Intelligence Artificielle. 

Car il s’agissait bien de cela, une image créée de toute pièce par Midjourney ou Dall-E.  Il y a encore quelques mois, l’intelligence artificielle était un domaine réservé aux spécialistes, aux ingénieurs, aux scientifiques et aux fans de science-fiction. Et tout a basculé.

Première alerte. En novembre 2022, ce sont des millions d’utilisateurs qui se sont emparés du robot conversationnel ChatGPT. L’IA est devenue grand public et on a rapidement parlé de révolution technologique soulevant quantité de questions… Éthique, droits d’auteur, fake news. Avec son lot de fantasmes, de craintes et d’espoirs.

Mais alors, d’où vient l’effet de souffle ? que tout le monde a perçu au printemps dernier ? Est-ce seulement l’effet doudoune blanche ? Nous avons eu envie de nous intéresser au phénomène, non pas en tant que spécialistes, mais en qualité d’observateur critique.

“Qu’est-ce que cela me raconte tout ça ?”,
“Faut-il avoir peur des IA ou au contraire être optimiste ?”,
“Dans quelle mesure nos métiers de communication vont-ils être impactés ?”

Le résultat, une série feuilletonnante en 6 épisodes pour une rentrée “intelligente”, construite à partir d’anecdotes et de portraits de personnes ayant approchés de près ou de loin l’IA. L’occasion d’entrouvrir des portes… sans garanties de réponses.

Six Pauses by Noise donc, six rendez-vous hebdomadaires.

ÉPISODE 1 — Au début, il y eu Alan Turing

L’IA, c’est lui, un génial scientifique britannique qui a connu la notoriété en décodant, durant la Seconde guerre mondiale, les messages de l’ennemi allemand. En 1950, il publie un article fondateur décrivant le célèbre test de Turing, qu’il appelle à l’époque le “Jeu de l’imitation”.

ÉPISODE 2 HAL nous a parlé et nous l’avons écouté

Pour beaucoup, la découverte de l’Intelligence Artificielle, c’est la suave voix de HAL-9000, l’ordinateur de « 2001, l’Odyssée de l’espace » le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick sorti en 1968. Un avant-goût de « Blade Runner » et de « Black Mirror ».

ÉPISODE 3 — La fin du travail est-elle annoncée ?

“Dorénavant vous allez travailler avec l’aide d’une IA, vous serez ainsi plus productif et plus fiable ”… et vos revenus vont baisser. Aujourd’hui c’est dans les bureaux que la menace plane.

Et certainement l’idée de travail qu’il faut repenser.

ÉPISODE 4 — Créer. Avec ou sans ?

Les illustrateurs-illustratrices, les photographes, les rédacteurs-rédactrices, les comédiens-comédiennes, tous les métiers de la création vivent l’arrivée de l’IA comme un tsunami pouvant tout emporter, ou pas ! Tandis que certains publicitaires prosélytes s’y engouffrent avec enthousiasme et quelques arrières-pensées. Éric Bourdages, un artiste canadien va chercher à narguer Disney et questionne le droit d’auteur.

ÉPISODE 5 —  Et mon corps dans tout ça ? Une intelligence sans corps peut-elle à l’avenir rivaliser avec la complexité de la pensée humaine ? Blake Lemoine, brillant développeur chez Google après avoir affirmé que l’intelligence artificielle était sensible a été licencié pour avoir partagé des informations confidentielles…

ÉPISODE 6 ChatGPT ne connaît pas le vide ! “Mais concrètement ça donne quoi une IA ?” Alors le dernier épisode de notre feuilleton relate notre conversation avec ChatGPT… de vraies surprises nous attendent.

Belle rentrée à toutes et tous. 

PausebyNoise • Édition & Illustration : Noise – Textes : François Chevret – Voix : Diane Valsonne

Un ticket pour la contrebasse

Un ticket pour la contrebasse

On repense à cette scène d’anthologie, dans “Buffet froid”, le film de Bertrand Blier.
On est à La Défense, la police vient d’arrêter arbitrairement un locataire qui ne comprend pas ce qui lui arrive.

« — Je suis un artiste, je suis musicien, je suis 3e violon à l’Opéra… »
« — Qu’est-ce t’as dit ? »
« — Je vous dit que je suis un simple musicien, un petit violoniste complètement insignifiant… »
« — Mettez lui les menottes, il n’y aura pas de violoniste dans cette tour, c’est une tour interdite aux musiciens, c’est une tour sans gamme et sans arpège… On ne veut pas devenir dingue avec ton archet qui va grincer quatre heures par jour sur trente étages… Ça me scie les nerfs moi le violon ! »

Il y a des lieux où, encore aujourd’hui, certains musiciens ne sont pas les bienvenus. Comme le train. C’est ce qui est arrivé à Sébastien B., un contrebassiste professionnel en froid avec la SCNF.

Et de contrebasse il est question puisque la limite fixée par la SNCF pour accepter les instruments de musique dans ses trains… est de 1,30 mètre. Une flute à bec, une trompette, oui, une contrebasse avec sa housse, c’est 1,90m… donc c’est non.

« — Mais monsieur le contrôleur, vous voyez bien que mon instrument ne prend pas plus de place qu’un vélo. D’autant que c’est mon outil de travail et pas un simple loisir. »

L’été dernier, une pétition “Autorisez les contrebasses dans les trains” a été signée par 45 000 personnes. La direction de la SNCF a été sollicitée à plusieurs reprises. Et depuis, rien, 1,30 mètre vous dis je !!!
« — Il n’y aura pas de contrebasses à bord des trains de la SNCF. »

Pourtant, une fois par mois, Sébastien B. se rend à Bruxelles. Il monte dans le Thalys où on l’accueille d’un « — Nous vous souhaitons un agréable voyage Monsieur. » Pas de souci de taille de contrebasse.

Mais en France, son quotidien de contrebassiste à bord des trains s’est assombri. Dans le meilleur des cas, c’est une amende de 50€. Option moins confortable, le contrebassiste et son instrument se sont vus débarqués sur le quai comme de petits délinquants resquilleurs. À 150 km de la salle de concert où il devait jouer le soir même.

Durant l’été, un contrôleur a même conseillé à Sébastien B. de changer de métier ou d’instrument.
« — Essayer le violon, ça sera beaucoup plus simple et plus pratique dans le train ! »

L’argument avancé en dernier recours tourne toujours autour de la sécurité.
« — Écoutez moi bien, c’est une histoire de sécurité à bord qui n’est pas garantie avec des encombrants aussi grands que votre contrebasse. On peut mettre n’importe quoi dedans.  »

« — Oui, comme dans n’importe quelle valise volumineuse, non ? »

Le ministre des Transports a récemment été alerté de la situation, mais rien n’a changé.

On est en 2023, en France, et tous les musiciens peuvent prendre le train. Tout le monde peut voyager avec un gros chien, même s’il aboie pendant deux heures. Les surfs des neiges, les skis, les cannes à pêche, aucun problème !!!

Tout le monde peut prendre le train sauf les contrebassistes…

L'effet Dunning-Kruger

L'effet Dunning-Kruger

Tout commence à Pittsburgh, aux États-Unis, en 1995. Un matin, McArthur Wheeler se réveille avec une idée fixe. Cela fait plus de six mois qu’il lit des ouvrages sur les propriétés de l’encre sympathique et l’évidence lui saute aux yeux. “Si je m’enduis le visage de jus de citron, je peux devenir invisible, et si je suis invisible, je peux braquer une banque.”

L’après-midi, il décide de passer à l’action, convaincu que le jus de citron comme seul déguisement pourra défier les caméras de surveillance. Il fut bien évidemment identifié et arrêté à sa deuxième tentative. 

Ce fait divers intrigua deux psychologues sociaux, David Dunning et Justin Kruger qui se posèrent une question simple : “Comment une personne aussi stupide pouvait être confiante à ce point ?” Ils menèrent une enquête auprès de différentes personnes, de différents milieux sociaux. À l’aide un module d’évaluation, ils firent travailler un groupe d’étudiants dans trois domaines : l’humour, la grammaire et le raisonnement logique. Le constat fut sans appel. La comparaison des résultats avec les compétences réelles de chacun était claire et déconcertante.

Les étudiants les plus doués avaient tendance à sous-estimer leurs capacités, tandis que les moins doués se surestimaient clairement. Ils aboutirent à l’identification de l’effet dit Dunning-Kruger. Autrement dit, l’ignorance rend plus sûr de soi que la connaissance. Des personnes aux compétences limitées surestiment fortement leurs capacités. Avec comme contrecoup de l’effet Dunning-Kruger, le fait que plus vous en savez et plus vous mesurez la complexité du domaine que vous devez encore approfondir. Et plus vous perdez en assurance. 

C’est ce que l’on constate tous les jours dans les médias : des experts aux compétences aléatoires prennent le pas sur des scientifiques ou des spécialistes d’un domaine qui, eux, l’étudient depuis plusieurs dizaines d’années. Tout le monde a en mémoire la période du confinement, et ces “gourous” de l’auto-assistance, non qualifiés, qui dispensaient conseils et préconisations, avec grande assurance.

Les réseaux sociaux ne font qu’accentuer cet effet, en offrant un porte-voix à celui ou celle qui le souhaite. Et là encore, l’effet Dunning-Kruger se confirme : moins la personne est compétente, plus elle parle fort ! Alors que les personnes plus sages et plus compétentes font preuve de doutes et de retenue.

J'emballe

J'emballe

Ça a commencé par un livre, un gros livre trouvé il y a dix ans, dans un vide-grenier normand. Et puis est arrivée la décision de le vendre pour faire de la place. Alors on a rédigé une annonce sur Le Bon Coin. Et rapidement, il a intéressé quelqu’un, le Larousse gastronomique de 1937 à 35 €.

Et c’est là que la bonne question est arrivée : “Et je l’emballe comment le livre, pour qu’il arrive en bon état ?” À La Poste ça n’allait pas, les boîtes d’envoi étaient, soit trop petites, soit trop grandes. Alors, on a récupéré du carton et confectionné un paquet. En apportant beaucoup de soin. À l’inverse d’un livre d’occasion, un bouquin photo recherché depuis longtemps, reçu emballé dans une boîte à pizza à peine nettoyée.

En général, on adapte l’emballage à ce qu’il y a dedans. Plus c’est cher et précieux, et plus tu peux mettre du papier de soie, des enveloppes de couleurs, un papier bulle qualitatif. Pour un truc à 3 €, c’est juste une enveloppe kraft.

Et puis un jour, il a bien fallu se rendre à l’évidence, le vrai plaisir n’était plus de vendre un livre ou un objet, mais bien de personnaliser le paquet. Couleur des rubans adhésifs, qualité des cartons. “Car quand tu reçois un colis, c’est un peu la personne qui te l’a envoyé, que tu rencontres, c’est très mystérieux.” Voire “La façon dont tu disposes le ruban adhésif, c’est un peu comme le lapsus ou l’acte manqué en psychanalyse, ça dit quelque chose de toi !”.

Depuis, on ne peut plus se balader dans la rue sans récupérer des cartons, véritables trésors arrachés aux hommes en vert des camions poubelles. Dans l’appartement, un espace près de l’escalier est même dédié aux cartons, classés par format, par épaisseur, aux enveloppes et aux rubans de couleur.

La confection du paquet est devenue tout un rituel avec les bons outils pour découper le carton. Avec le ruban adhésif rose fluo qui est comme notre signature, notre “marque commerciale”.

On s’est même posé la question d’ouvrir un compte Instagram pour poster nos plus belles réalisations. C’est dire l’addiction !

Je me regarde pour que tu me regardes

Je me regarde pour que tu me regardes

Sept millions de Français fréquentent les clubs de fitness. 50 000 salles en Europe. Il fut un temps pas si lointain, où le muscle était un spectacle de foire. Aujourd’hui, l’esthétique du corps musclé s’impose à l’ensemble de la société.

Ce n’est plus une étrangeté, c’est même devenu la norme. Le muscle s’est généralisé, démocratisé, il a même franchi la barrière des genres et n’est plus réservé aux seuls hommes en recherche de virilité apparente. 

Alors que pendant des décennies, le modèle pour se construire une image de soi, était le cinéma hollywoodien, les réseaux sociaux sont venus booster le phénomène. Car ce qui compte, c’est ce qui est vu sur l’écran de smartphone...

« Et là, je fais un selfitness. » Les pectoraux, les biceps, et le Graal, pour les mecs, les abdos apparents dans le miroir de la salle.  « Me regarder, me regarder encore, te regarder pour voir si tu me regardes… ! »

Pour les filles, l’influence des fit-girls a été tout aussi impressionnante. Des filles accros au fitness qui postent leurs entraînements et mettent en scène leur corps musclé. L’affirmation de soi. « Je sue, donc je suis ! C’est mon corps, je fais ce que je veux ! » Avec des standards esthétiques développés par la télé-réalité.

On le constate tous les jours et peut-être encore plus après le confinement où tout était flou, sans visibilité… le seul élément palpable que l’on a sous les yeux et que l’on peut contrôler, maîtriser, centimètre par centimètre, c’est son corps.

« Quand la perte de sens devient réelle ou le boulot sans intérêt… la possibilité d’avoir quelque chose que tu peux valoriser en capital, comme un artisan qui façonne un objet de ses mains, eh bien, c’est très stimulant. » Le travail du corps permettrait donc de compenser ce que tu ne trouves pas dans ton quotidien professionnel ! 

La tentation est forte d’aller au-delà de ses limites et d’être fasciné par la puissance que renvoie ce corps travaillé, sculpté. Le muscle déborde et parfois transforme l’adepte de salle de fitness, en un phénomène exhibé, comme au siècle dernier !

À trop se concentrer sur leurs abdominaux, certains hommes en oublieraient de se regarder !

Et le Roi fut

Et le Roi fut

“O Rei”, le Roi Pelé est mort, quelques jours après Noël.
C’est une légende planétaire qui vient de disparaître. Et plus de cinquante après le triomphe de la 3e Coupe du monde pour le Brésil, au stade Maracaña de Rio de Janeiro, Pelé reste le joueur de football le plus emblématique de tous les temps. Le monarque absolu du ballon rond qui a propulsé ce sport à l’échelle mondiale.

Comment expliquer cette notoriété incomparable ? Peut-être, parce que la carrière de Pelé a tout d’une marque internationale. Alors bien sûr qu’au départ, il y a le football.

Pelé a une technique incroyable, ce jeu offensif, personnel qui sera sa marque de fabrique, mais tous les joueurs à ce niveau ont une technique incroyable. Donc il faut plus, beaucoup plus.

Et puis le nom, ou plutôt le surnom. Pelé s’appelait Edson Arantes do Nascimento. Un surnom donné dès l’enfance et qui va le suivre. Là aussi, un nom qui sonne comme une marque, simple, quatre lettres universelles comme Nike. Aucun autre joueur n’est affublé d’un surnom qui supplante le nom. C’est en 1958, alors qu’il n’a que 17 ans que « Paris Match » le décrète roi… le Roi Pelé. L’élu !

Un numéro de maillot, le 10, qui deviendra avec lui, un numéro légendaire, celui que tous les grands footballeurs veulent porter. Maradona, Platini, Zidane ou Messi : tous ont porté le fameux numéro 10 durant leur carrière.

Une couleur, celle de la tenue de l’équipe du Brésil, jaune avec short bleu. Pelé, un « trésor national non exportable » restera fidèle au Brésil, et ce malgré les offres dithyrambiques des clubs européens. Il n’y a qu’à la fin de sa carrière, dans les années 1970 qu’il rejoindra les Cosmos. Le roi sera alors new-yorkais et ambassadeur dans un pays qui ne connaît pas le football.

Pelé sera le premier footballeur noir à atteindre un tel niveau de notoriété. Pour les Européens, c’est un mélange de modernité, de bossa-nova et d’exotisme. En Afrique, c’est un frère, l’équivalent de Mohamed Ali qui se bat pour la cause noire.

Le sacre au stade Maracanã, en 1970, c’est une image télévisée, la première Coupe du monde diffusée en mondovision. Des millions de téléspectateurs vont découvrir un Brésilien au sommet de sa gloire, Pelé.

Enfin, il y a la personnalité de Pelé qui n’est pas clivante, contrairement à Maradona ! Il ne prend pas position politiquement, tout le monde peut s’identifier à la star du ballon rond.

À la veille de la Coupe du monde de 2014, Pelé commentait (à la troisième personne) son parcours extraordinaire : « Dans toutes les comparaisons qu’on fait entre Pelé et les autres joueurs – Maradona, Messi, Zidane, Cruyff –, il y a toujours un détail, un petit quelque chose, un élément quelconque qui vient faire la différence. »

Toutes les cases sont cochées pour que la “marque Pelé” entre dans l’histoire. Sa mort ne peut que renforcer le mythe, car les légendes ne meurent jamais.

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