Une respiration autour du monde
Il n’y a pas très longtemps, avant de commencer le cours, un étudiant nous a demandé, s’il pouvait projeter une vidéo qui l’avait complètement bouleversé, « One Breath Around the World ».
« J’ai découvert ça par hasard, comme tous les trucs que l’on voit passer sur YouTube et là je me suis arrêté », nous a-t-il dit. Le court-métrage met en scène Guillaume Néry, 36 ans, double champion du monde d’apnée, qui reprend la compétition en septembre prochain, après quatre années loin des podiums suite à un accident de plongée.
Pendant huit mois, sa compagne, Julie Gautier, apnéiste elle-aussi, l’a filmé dans les eaux de l’île Maurice, de la Polynésie, du Mexique, des Philippines, du Japon et de la Finlande. On est hors du temps et de l’espace, par moment, on manque de repères. Un fond musical accentue cette impression de rêve éveillé. Chaque plan est d’une beauté à couper le souffle. Le film de 12 minutes dépasse aujourd’hui les 15 millions de vues sur le web. Un succès fulgurant pour cette septième réalisation du couple.
Alors bien sûr, on pense au « Grand Bleu » de Luc Besson, on pense à Jacques Mayol qui a révolutionné la plongée en descendant à plus de 100 m. Mais là, rien de tout cela… Un homme court sous l’eau, à 10 m, 15 m de profondeur, pieds nus. Simplement équipé d’une combinaison sans plomb.
Il court sur les rochers avec grâce, sans ressentir la pesanteur de l’eau. Un monde merveilleusement silencieux (Hé oui… Cousteau, « Le Monde du silence »). Au milieu des poissons, il glisse. Requins, baleines à bosse. Et un cachalot, puis deux, puis trois, tous endormis à la verticale comme des totems sacrés, et Guillaume Néry de les frôler… Ou, plus loin, des pêcheurs Bajau aux Philippines, le dernier peuple de la mer.
« Une respiration autour du monde » comme une seule et même apnée de 12 minutes. Lentement, Guillaume Néry remonte à la surface et regagne une plage… animée à Nice, dont il est originaire.
On ne rallume pas immédiatement la salle, les étudiants sont sous le charme comme envoûtés par tant d’images qui résonnent en eux.
L’étudiant est très ému : « Guillaume Néry explique que dès que l’on se retrouve dans l’eau, on a quelque chose en nous qui se met en marche, le diving-reflex, le rythme cardiaque chute et passe de 60/70 pulsations à 30/40 pulsations en quelques secondes. Et puis ce sont les flux sanguins qui vont quitter les extrémités du corps pour aller alimenter en priorité les organes nobles, les poumons, le cœur, le cerveau. Ces mécanismes sont innés et viennent de très loin. Ce sont des mécanismes que l’on a en commun avec les mammifères marins, les dauphins, les baleines, les cachalots. “One Breath Around the World” : j’ai vraiment l’impression que cela plonge au plus profond de moi… Et vous savez quoi ? Même Beyoncé a succombé, en intégrant Guillaume Néry et une amie apnéiste dans le clip “Runnin’”… 300 millions de vues ! »