Ouragan nucléaire
Et si finalement, on commençait à comprendre que tout est lié. Le réchauffement, le climat, oui, bien sûr. Et pourtant cet été, au milieu de la campagne un peu cramée, faut bien se l’avouer, on s’était dit que c’était pas désagréable quelques degrés de plus. Et puis c’est ce que l’on était venu chercher dans le sud, non ?
Il suffisait de mettre quelques glaçons de plus dans l’apéro… on n’allait pas se laisser embêter par quelques grosses gouttes de transpiration. On s’est laissé porter par le vent, on a gentiment surfé sur la grosse vague de chaleur, se disant qu’il n’y avait pas d’autre choix que de s’y habituer même si au bout du compte, on ne s’y habitue pas.
Les jours derniers, l’ouragan Irma a détruit 95 % de l’île de Saint-Martin et fait d’énormes dégâts à Saint-Barthélemy dans les Antilles françaises. On passe à autre chose, c’est comme si les habitants avaient reçu une bombe qui avait tout anéanti. Il y en a qui parle d’ouragan « nucléaire ».
Saint-Martin, c’est 40 000 habitants qui craignent une année scolaire blanche… il n’y a plus d’école pour accueillir les enfants. C’est des images de guerre, les images du Havre, de Dresde, d’Hiroshima. Là, ce ne sont plus quelques degrés de plus. « Un monstre nous est tombé sur la tête ». L’Apocalypse.
Et ça devient très simple. On est dans son canapé et on a sous les yeux tous les éléments pour comprendre ce phénomène naturel.
Jean Jouzel, qui est climatologue, précisait sur France InfoTV, le fonctionnement d’un cyclone. « L’énergie des cyclones est liée à la quantité de vapeur d’eau qui s’évapore et qui, elle-même, est liée à la température de l’océan qui augmente ». Simple effectivement. « Plus la température de l’eau et le taux d’humidité sont élevés, plus le cyclone peut prendre de l’intensité. Or, ces deux éléments sont plus intenses du fait de l’augmentation de l’effet de serre. On considère qu’il y a 7 % d’humidité en plus dans l’atmosphère par degré de réchauffement. Le changement climatique ne crée pas ces tempêtes mais il accentue leurs impacts ».
Encore Jean Jouzel, histoire de nous remonter le moral : « L’intensification des cyclones risque de préfigurer ce que l’on vivra demain. »
Voilà, avec Irma, on est vraiment entré dans le concret… on sent que les barrières tombent les unes après les autres. On ne contrôle plus rien, le compte à rebours est enclenché.