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56, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris
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Les petites misères…

Tout le monde s’était préparé. Partout en France, on savait que la mobilisation allait être forte contre le projet de réforme du système de retraite.

Et le jeudi 5 décembre 2019, ce sont plus de 800 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, qui ont défilé dans les rues. Une mobilisation que l’on n’avait pas vue depuis les grandes grèves de 1995 contre le plan Juppé sur les retraites (déjà !) et la Sécurité sociale. Paris s’était alors retrouvé sans métro pendant près de trois semaines.

« Il y a quelque chose dans l’atmosphère ! » Une météo sociale houleuse, de fortes bourrasques de ras-le-bol. On avait pensé qu’après une année de manifestations des Gilets Jaunes, la contestation avait été matée.

Et puis voilà. Se sont retrouvés pour battre ensemble le pavé, salariés du public, enseignants, cadres du privé, étudiants, retraités, pompiers, travailleurs indépendants, Gilets jaunes, corps médical et hospitalier. Comment expliquer qu’autant de catégories différentes de la population se mobilisent contre une réforme qui nous est présentée comme plus juste ? Une retraite universelle ?

La comédienne engagée Ariane Ascaride a déclaré sur un plateau télé : « Ça fait trente ans qu’on nous dit que la seule solution, c’est l’individualisme. Écraser le voisin, oublier la solidarité et glorifier la concurrence effrénée… On en crève, les gens n’en peuvent plus du néolibéralisme ! » Quelque chose est en train de se fissurer.

Partout dans le monde, face à la crise qu’ils traversent, les libéraux ont choisi l’absence de dialogue, le passage en force et une répression méthodique. Partout, la rue s’organise et se durcit.

Au milieu de la tempête, on savoure les pépites de la playlist de Radio France en grève, elle aussi. Et Bertrand Belin, de fredonner, de sa voix iodée : « Tous tes commentaires hilarants sur la Terre qui tourne. Entre taff et tout. Tout s’efface lentement. Tout lentement. Tout finit comme un os… »

«Rêve générale » en sticker sur la veste des manifestants. Sur les chaînes d’infos en continu, on ne parle que de privilèges, de privilégiés et de régimes spéciaux. Et malgré ce matraquage, les Français soutiennent les grévistes.

Et l’on découvre que la plus grande inégalité touche majoritairement les femmes. La pension moyenne que perçoivent les femmes est de 1 123 €, soit 42 % de moins que la pension moyenne des hommes (1 933 €). Comment en est-on arrivé là ?

Place de la République, une banderole que l’on n’avait pas repérée tout de suite, déployée sur le toit d'un immeuble. « Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves, des petits ruisseaux. » Victor Hugo.