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Le denim, révélateur de la mondialisation

Mondialisation, mondialisation… L’étranger, la Chine, le transport en bateau, OK. Mais si on prenait un exemple précis pour comprendre cette histoire ? Et quoi de plus caractéristique, comme objet planétaire, que le jean ?

On en fabrique chaque année plus de 2 milliards d’exemplaires. Du lieu de culture du coton jusqu’au lieu de son assemblage, le blue-jean aura parcouru une fois et demi le tour de la planète. C’est 65 000 km de transport, avant d’arriver dans nos boutiques. « Sauf que l’étiquette ne nous donne guère d’information pour comprendre ce long périple. »

L’aventure commence en Inde, le premier producteur mondial de coton. Et puis, ce coton est envoyé chez le voisin pakistanais pour être filé et tissé. Nouvelle étape ensuite à 4 800 kilomètres plus à l’Est, à Xintang en Chine. Là, environ 3 000 usines vont produire la toile nécessaire à la fabrication de 800 000 blue-jeans par jour. C’est dans la « capitale mondiale du jean » que la toile va être teinte en bleu indigo. Pour cela, on fait venir un pigment de synthèse produit en Allemagne.

Prochaine destination, la Tunisie, à 9 500 km. Sur place, le salaire des ouvriers qui assemblent la toile est en moyenne dix fois plus bas qu’en France. On va ajouter les petits rivets qui viennent d’Australie, la fermeture éclair, une spécialité du Japon, et des boutons en cuivre qui arrivent très souvent de la République démocratique du Congo. Le jean va alors être délavé, artificiellement vieilli et pour cela, il est envoyé au Bangladesh ou en Égypte.

Le blue-jean est enfin terminé, il va pouvoir revenir chez nous, dans les boutiques de fast fashion ou de prêt-à-porter. En France, on en vend chaque année plus de 90 millions d’exemplaires.

Les 18 composants nécessaires à la fabrication d’un jean sont venus du monde entier. Entre la culture du coton et le traitement de la toile, il aura consommé environ 11 000 litres d’eau. La moitié de la pollution associée à la fabrication d’un jean est liée à la culture du coton, l’autre moitié est liée au transport. Aucune activité agricole ne consomme autant de produits chimiques que le coton, soit un quart des pesticides produits dans le monde par an.

« Le paradoxe, c’est quand même que le jean vient de chez nous, de Nîmes où cette industrie était florissante au XIXe siècle. » En effet, c’est le jean « de Nimes » qui devint le denim.

En France, depuis plus de dix ans, l’idée de produire localement fait son chemin et l’on trouve, aujourd’hui, plus d’une dizaine de marques qui fabriquent leurs jeans sur place. Le prix reste un argument important, il faut compter entre 90 € et 140 € pour un blue-jean français. Mais les clients étant désormais soucieux de l’impact environnemental, la tendance est de consommer moins et de meilleure qualité. Pour que les denims arrêtent de faire le tour du monde.