« Je vous laisse, j’ai un vocal ! »
Cela fait déjà quelques mois qu’on se demandait pourquoi des jeunes gens utilisent leur smartphone dans la rue, en le tenant devant eux.
Et donc, l’autre matin, on a posé la question à une jeune femme qui s’approchait de l’arrêt de bus et qui venait de ranger son portable. « Pourquoi je le tiens comme ça ? Parce que j’enregistre un message vocal sur Snapchat, et qu’en marchant, c’est plus pratique que d’écrire un SMS. » Là, on s’est dit qu’on était encore passé à côté d’un truc…
Jusqu’à présent, la génération Z, les lycéens et les étudiants nés après 1998, utilisaient massivement les textos pour communiquer. Sauf qu’ils ont constaté que les adultes utilisaient de plus en plus, eux aussi, les SMS.
Et ça, le jeune, ça l’énerve toujours un peu d’avoir les mêmes supports de communication que les adultes et ses parents. C’est ce qui s’est passé avec Facebook : dès que les adultes se sont approprié ce réseau social, les plus jeunes sont partis ailleurs, sur Instagram, WhatsApp ou Snapchat. Il est nomade le jeune et il n’aime pas que l’adulte fasse comme lui.
Revenons à l’arrêt de bus. Plutôt que de taper un SMS, la jeune femme appuie sur le bouton du micro et elle envoie un message vocal. Alors bien évidemment, on se pose la question : pourquoi n’appelle-t-elle pas directement son interlocuteur, puisqu’il s’agit de parler ?
Parce que pour beaucoup, l’appel direct est trop intrusif. Ils préfèrent écouter un vocal en différé, quand ils le souhaitent. On ne parle même pas de laisser un message sur le répondeur qui n’est jamais consulté.
L’autre raison, c’est le contenu du SMS qui peut être ambigu, voire mal compris. Et en plus, quand tu te trompes dans l’écriture intuitive…
« On pense que le SMS, c’est plus rapide mais, en fait, quand on n’est pas assez clair, on doit refaire et ça prend trop de temps. »
« Et puis, tous les émojis qui te polluent tes messages, c’était juste plus possible ! »
« Et quand ma mère, pour un oui ou pour un non, m’envoie des SMS, elle y ajoute des pouces levés, des cœurs en pagaille… Ça me saoule, c’est pathétique ! »
« Avec un SMS, tu te caches derrière les mots. En vocal, tu ne peux pas tricher. L’émotion passe telle que. »
Conclusion de tout cela : le décalage entre les générations se niche vraiment dans les détails du quotidien. La fille de l’arrêt de bus nous interpelle : « Je vous laisse, j’ai un vocal ! »