L'être ou pas ?
C’était un mardi, devant l’Olympia, boulevard des Capucines, sur la façade, là où d’habitude sont affichés les noms des artistes, deux mots étaient accrochés : PAS ESSENTIEL.
On a entendu la colère de l’acteur Pierre Niney : « Franchement c’est dur de se dire que tous les commerces, avions, trains et grandes surfaces de France peuvent accueillir du public... mais pas les cinémas et les théâtres qui ont fait tant d’efforts pour être des lieux irréprochables du point de vue sanitaire… »
L’État répond, sans trop convaincre, que c’est pour éviter les mouvements de population, qui en temps normal à Paris, par exemple, représentent, chaque jour, 50 000 personnes qui se déplacent pour la culture.
Mais dans le même temps, les grandes surfaces sont bondées. Et c’est plus de quatre millions de passagers parisiens qui transitent dans le métro chaque jour. Un choix politique, voire idéologique plus que sanitaire. D’où la réaction de certains dénonçant un gouvernement de « petits commerçants ! ». Ou dénonçant encore le fameux : « Travaillez, consommez, et taisez-vous ! »
Sans parler de l’ouverture autorisée des lieux de culte ! « Je vous jure, ça donne envie d’aller jouer dans les églises et les mosquées… » Non mais là, c’est différent, c’est une décision du Conseil constitutionnel, car la liberté de culte est un droit constitutionnel en France. Aller au cinéma, au théâtre ou au musée ne l’est pas !
Hier, on est tombé par hasard sur le jeu de France 2 « N’oubliez pas les paroles ». Et là, surprise, un public assiste à l’émission. Avec des mannequins pour séparer les gens. Très bien, mais c’est quoi la différence avec une salle de spectacle ? En fait, on apprend après quelques recherches, que ce n’est pas un vrai public, mais des intermittents du spectacle engagés pour l’enregistrement. « Cela permet aux artistes de ne pas jouer devant une salle vide, et de soutenir les intermittents », explique la société de production.
Rien n’est clair. En fait, l’essentiel c’est quoi ? Avec le deuxième confinement, la question s’était posée pour les librairies. Elle se pose toujours pour les théâtres, les cinémas, les musées, voire les restaurants et les bars, lieux de partage s’il en est !
Même si, avant la Covid-19, cela nous semblait déjà une évidence, que la culture nous parle de la vie, nous donne envie de vivre, nous donne envie de nous révolter, d’aimer… Il est évident que c’est bien de ça dont nous avons besoin en ce moment !