ll était une fois Ennio Morricone
Un bruit de train qui repart au milieu du désert. Trois cow-boys s’apprêtent à chevaucher leurs montures, quand résonnent les premières notes d’harmonica…
Il y a des scènes d’ouverture qu’on n’oublie jamais. Les hommes se retournent et découvrent un homme portant des valises. « L’homme à harmonica », Charles Bronson, joue encore et encore ce thème lancinant qui hante, depuis, l’histoire du cinéma. « Où est Frank ? Vous avez un cheval pour moi ? » Un son langoureux, culte, qui deviendra la marque de fabrique d’Ennio Morricone. « Il était une fois dans l’Ouest » : 15 millions de spectateurs en France, un des plus gros succès des années 1970.
Il maestro Ennio Morricone vient de mourir à 91 ans. Il a composé au cours d’une carrière de presque soixante années, la musique de plus de 500 longs métrages. C’est peut-être le compositeur de musiques de film le plus célèbre du XXe siècle.
Ennio Morricone, c’est inévitablement d’abord évoquer le cinéma de Sergio Leone avec lequel il formait un duo légendaire, une sorte de couple qui se connaissait par cœur. Enfants, ils étaient dans la même école primaire, à Rome, dans le quartier du Trastevere. Ennio avait 10 ans et Sergio 9 ans.
Morricone et Leone ont fait six films ensemble. « Il me donnait une trame. Je me mettais au travail. Le plus souvent, il a tourné ses films d’après les mélodies que je lui ai soumises. » Des westerns spaghettis. « Pour une poignée de dollars », « Le bon, la brute et le truand », « Il était une fois dans l’Ouest », ou encore « Il était une fois en Amérique ».
La liste des grands réalisateurs pour lesquels Morricone a travaillé est impressionnante. Pedro Almodóvar (« Attache-moi ! »), Brian De Palma (« Les incorruptibles », « Mission to Mars »…), Roman Polanski (« Frantic »), Henri Verneuil (« Le clan des Siciliens », « Peur sur la ville »…), Terrence Malick (« Les moissons du ciel »), John Carpenter (« The Thing »), Oliver Stone (« U-Turn : ici commence l’enfer »), William Friedkin (« Le sang du châtiment »), John Boorman (« L’exorciste 2 : l’hérétique »), sans parler des italiens Pier Paolo Pasolini (« Théorème »…), Giuseppe Tornatore (« Cinema Paradiso »…), les frères Taviani (« Le pré »…). Plus récemment, Quentin Tarantino (« Les huit salopards »). Morricone regrettera longtemps de n’avoir pu travailler avec Stanley Kubrick pour « Orange mécanique», car il était déjà engagé sur « Il était une fois la révolution ».
La musique de « Il était une fois dans l’Ouest » fait 72 minutes tandis que les dialogues ne font pas plus de 30 minutes ! Sergio Leone se plaisait à dire, qu’Ennio Morricone remplaçait les mauvais dialogues par la musique : « Il plus qu’un compositeur pour moi. Je n’aime pas du tout les mots dans les films. J’espère toujours faire un film muet, et la musique se substitue aux mots. Alors on peut dire qu’Ennio était l’un de mes meilleurs scénaristes ! »