Tout ça a commencé par une poignée de main
La pandémie de Covid-19 remet en cause la poignée de main. Mais quelle est l'origine de ce geste de salutation ?
Et dire que tout ça a commencé par une poignée de main. Une chauve-souris, un pangolin, un mec qui se cuisine un ragoût. Qui rencontre quelqu’un, le lendemain, pour du business et qui lui serre la main. Le début de la pandémie de Covid-19.
Mais ça vient d’où, la poignée de main ? Car ce n’est pas commun à toutes les cultures et beaucoup sur la planète préfèrent garder une distance : se saluer sans se toucher. Et ça remonte aux temps anciens. À la légende !
À l’origine, on pratiquait la poignée de main pour prouver à l’autre que l’on venait sans arme dans la main, une façon de montrer sa bonne foi. Cela permettait également de vérifier que l’autre ne cachait pas un poignard dans sa manche. Et pendant des siècles, ce geste de salutation ne sera réservé qu’à la diplomatie et à la politique.
Et c’est très tard, au XIXe siècle, dans le monde paysan, que ce geste s’est démocratisé, en devenant un geste de négociation, au quotidien. « Tope là pour ce bœuf. D’accord pour cette remorque de blé d’hiver ! ». Un signe qui permettait de se mettre à l’égal de l’autre, en confiance, une façon de congratuler l’autre. Ce n’était plus une révérence hiérarchique comme avant. Avec ce geste, l’égalité républicaine prenait le dessus.
Pourtant, dans de nombreuses cultures, ce rapport à l’autre n’est pas si évident. Il y a des civilisations de contact entre les individus et des civilisations de la distance. Dans beaucoup de cultures asiatiques, les salutations se font sans aucun contact, les personnes placent leurs mains près de leur visage. En Inde, le namasté (« Je m’incline devant toi » en sanskrit) se fait les mains jointes au niveau de la poitrine. En Thaïllande, le wai sert de salutation autant que de remerciement. Plus les mains sont hautes, plus le respect témoigné est important. Au Japon, c’est une courbette dont la hauteur varie selon le statut de l’interlocuteur.
La poignée de main est une formule intermédiaire, on garde une certaine distance avec l’autre, 80 cm, 1 mètre, tout en établissant un contact physique limité à une partie du corps.
Avec le commerce et la mondialisation au XXe siècle, la poignée de main s’est imposée dans les échanges. L’Asie est devenue un continent puissant économiquement. Un partenaire avec lequel la négociation est rude. Les Chinois, les Coréens ont, petit à petit, tendu la main vers l’autre. Tout ça a commencé par une poignée de main.